L’origine du parc Beaubien, encadré par les avenues Stuart et McEachran, est d’abord une histoire de famille qui remonte au milieu du XIXe siècle, après que le docteur Pierre Beaubien soit venu s’établir à Montréal. Auréolé du prestige d’avoir décroché, en 1822, un diplôme de la Faculté de Médecine de Paris, sa notoriété grandit rapidement. Il exerce son art auprès de patients, de communautés religieuses ainsi que de l’Hôtel-Dieu, de l’Hôpital général de Montréal et de la prison de Montréal dont il est médecin-chef. Il enseigne également à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal qu’il co-fonda en 1849 et dont il devient doyen en 1853.
Parc Beaubien (Maisons des Beaubien) - 457-461 Chemin de la Côte-Sainte-Catherine
Il est permis de croire que son mariage avec Justine Casgrain, veuve d’un médecin d’origine loyaliste et fille du seigneur de la Rivière-Ouelle, soit à l’origine de la fortune des débuts. Le jeune médecin applique spontanément le vieux principe des agriculteurs qu’étaient ses ancêtres, à savoir que la terre est la seule richesse immuable. Il jette son dévolu sur des hectares d’espaces libres situés au nord du Mont-Royal, le long d’un chemin à peine praticable, celui de la Côte-Sainte-Catherine où de rares fermes sont en exploitation. Sans avoir la moindre intention de quitter le cœur de la ville où il réside, il poursuit les acquisitions jusque dans les paroisses agricoles qu’étaient alors Côte-des-Neiges, Côte-Saint-Louis, et autres lieux.
Des onze (11) enfants Beaubien, Louis-Joseph-Benjamin, né en 1837, est le seul à pouvoir administrer ce vaste territoire. Propriétaire d’une large bande de terre qui va de la montagne jusqu’au site où il fera naître le P’tit Train du Nord. Sa maison sera construite sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine où une ferme traditionnelle a été créée. Il s’y installe en 1866, avec Suzanne-Lauretta Stuart – petite-fille de Philippe Aubert de Gaspé– et leurs enfants. En 1875, alors qu’il représente Hochelaga à l’Assemblée législative (Assemblée nationale), Louis Beaubien convainc Québec de reconnaître officiellement l’existence du village d’Outremont.
En 1910, son fils Joseph devient maire de la cité d’Outremont, poste qu’il occupera pendant 49 ans! La vue de l’édile étant sévèrement altérée, Louis Beaubien avait fait ériger pour Joseph et sa famille une maison adjacente au 457 du chemin de la Côte Sainte-Catherine.
Peu avant la fin de la carrière de Joseph Beaubien à la mairie, Outremont jonglait avec la nécessité de transformer l’hôtel de ville en bibliothèque publique, Joseph Beaubien offrit au conseil le « Domaine Beaubien » pour la somme de 200 000$ pour que l’hôtel de ville y soit construit.
Après plus de dix années de chamaillage et deux référendums entre la cité et les groupes de citoyens opposés au coûteux déplacement de l’hôtel-de-ville dans le parc Outremont ou sur le site actuel du parc Beaubien, on s’entendit pour acheter le terrain dont le prix, sous l’impact des taxes faramineuses que la succession familiale continuait de payer, avait presque triplé. Restait à réaménager l’hôtel-de-ville et de démolir les deux belles demeures du « Domaine Beaubien ».
Elles sont tombées en 1960.
Le parc Beaubien, l’un des joyaux d’Outremont, venait d’être créé.
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